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Les caresses : source de stress ?


Les caresses : source de stress chez le chat ?

L’humain est un être tactile pour qui le toucher est un des sens des plus importants et des plus fondamentaux pour les interactions sociales, les relations personnelles et le bien-être émotionnel.

Le toucher est un moyen puissant de communiquer des émotions, de l’affection, de la compassion et du soutien ; un simple geste de réconfort, comme une étreinte ou une main tendue, peut transmettre des sentiments de sécurité et de connexion.

Ce sens joue aussi un rôle crucial dans le renforcement des liens sociaux. Les contacts physiques positifs, tels que les caresses, les baisers et les étreintes, affermissent les relations interpersonnelles et favorisent la confiance et la proximité émotionnelle.

Les contacts physiques ont le pouvoir, s’ils sont consentis, acceptés et appréciés, de réduire le stress, de diminuer l’anxiété et de favoriser la libération d’endorphines, des hormones du bien-être. D’ailleurs, les massages et les contacts physiques relaxants sont couramment utilisés pour soulager les tensions corporelles et émotionnelles.

Le sens du toucher est si important pour notre espèce dite sociale qu’elle est essentielle au bon développement de nos nourrissons. Les bébés ont besoin de contacts réguliers et positifs pour se sentir en sécurité, établir des liens avec leurs parents et favoriser leur développement cognitif et psychique.

Cette communication non-verbale est aussi l’expression de notre amour et de notre affection : elle est pour un nous, humains, un puissant outil pour exprimer le sentiment d'attachement à autrui et renforcer l’intimité et l’affection avec celui-ci.


Aussi, quoi de plus naturel pour nous que de caresser nos félins puisque ce geste traduit toute l’affection que nous leur portons. Toucher ces boules de poils soyeuses nous détend, nous apaise, nous relaxe et nous leur exprimons par ce biais combien nous les aimons et apprécions leur présence à nos côtés.

Pourtant, le Professeur Daniel Mills, vétérinaire comportementaliste spécialisé dans l’étude du comportement animal, en particulier des chiens et des chats, nous alerte sur un fait qui pourrait nous paraître très surprenant : caresser notre félin préféré pourrait être source de stress chez lui, notamment s’il n’apprécie pas les contacts physiques. « Très curieusement, nos données suggèrent que les chats qui tolèrent les caresses plutôt que de les apprécier ou qui n’aiment pas se faire caresser semble être les plus stressés », souligne ce spécialiste de l’Université de Lincoln dans une étonnante étude publiée dans la revue Physiology & Behavior.

Le toucher est un moyen de communication propre aux relations intraspécifiques chez l’humain : le contact physique fait partie de notre nature profonde d’être social. Mais rappelons que celle de nos chats n’est pas sociale puisque, dans la nature, ces derniers n’ont pas besoin de constituer et de vivre en groupes pour survivre et subvenir à leurs besoins. La communication entre congénères prendra donc des formes différentes. Par le biais des marquages olfactives et visuels, une communication indirecte sera privilégiée afin d’être le moins possible en contact avec l’autre. Une gestion spatio-temporelle du domaine vital sera mise à l’œuvre pour permettre à chaque individu d’explorer et de bénéficier des ressources disponibles à des moments différents.


Cela ne veut aucunement sous-entendre que les chats n’aiment pas être caressés puisque que, dans certains contextes, ils choisiront le contact physique avec l’humain plutôt que la nourriture. Cela apporte surtout des informations scientifiques précieuses dont nous devons avoir conscience et tenir compte pour construire une relation respectueuse des besoins de chaque espèce.


Pour nos chats domestiques, les caresses sont un mode de communication et d’échange dont ils devront faire l’apprentissage de manière positive pour les apprécier. Si l’expérience est concluante, les contacts bien menés, dans le respect des limites propres et individuelles, il y a de fortes chances qu’ils les apprécient par la suite.

Les régions du chat que nous touchons, l’intensité et la durée des caresses jouent aussi un rôle important dans la façon dont le chat réagit aux contacts avec l’humain. La juste lecture des signes de stress et de son langage corporel sera aussi un puissant atout pour établir des échanges bienveillants avec votre félin.



Guide des patouilles et des caresses


Cela vous semble compliqué ? Vous êtes perdu ? Ne vous inquiétez pas ; initier et entretenir une relation saine et épanouissante avec son chat est pourtant bien simple ! La clé réside dans le fait de lui laisser le choix et le contrôle de son intégrité physique. On propose la caresse en avançant doucement sa main sous son menton et on attend de voir si celui-ci l’initie, ou non, et on respecte sa décision (et non, votre chat n’est pas méchant ou caractériel s’il n’accepte pas cet échange : il a juste envie d’être tranquille). Et on répète autant de fois que l’on souhaite être en contact avec lui. Approcher l’animal et le toucher de manière respectueuse, en tenant compte des signaux de communication est le meilleur moyen d’éviter de les stresser et de les mettre mal à l’aise, et ainsi de créer une relation saine et harmonieuse.


Il faudra probablement, les premiers temps, que vous fassiez preuve de retenue. Vous aurez aussi, peut-être, l’impression d’échanges moins naturels et spontanés avec votre félin. Mais vous verrez ; proposer le contact et respecter le consentement ou le non-consentement de votre chat sera bientôt une seconde nature pour vous et vous aurez l’immense satisfaction de savoir que ces échanges sont appréciés et désirés, non subis, et que le bien-être éprouvés est réciproque.

Et petit secret de comportementaliste : sachez que la Recherche montre que les interactions avec les chats durent plus longtemps lorsque ce sont eux qui les initient ! Alors, sachez-vous faire désirer.



Lydie VIEIRA - Comportementaliste félin - Spécialiste du chat

Source :

Journal Physiology and Behavior, volume 122, 2 octobre 2013, pages 72–75.





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